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Une hirondelle en exil
18 février 2014

Bonheur imprévu...

1er février 2013 :

Un des jours les plus terribles de ma vie.

Cela faisait plusieurs jours que j'étais moralement torturée. Ce jour devait "résoudre" mon problème.

Le 9 janvier, sur une "intuition", je fais un test de grossesse. Il est positif. Une vraie surprise. J'ai compris après comment ça avait pu arriver alors que je prenais la pilule. Depuis ce jour, j'étais embêtée. Je ne voulais pas d'enfant mais je ne voulais pas avorter non plus. Je n'avais aucun principe religieux sur la question et je m'étais toujours dit que si pareille chose devait m'arriver, j'avorterais sans me poser de question.

Mais une fois dans la situation, on ne pense plus pareil.

Le 24 janvier, l'échographie confirme la grossesse et la date approximative de la conception. Mes démarches sont lancées pour avorter puisque c'est la seule chose "logique" à faire.

Le 30 janvier, je vois le médecin qui me "distribue" les médicaments nécessaires pour stopper l'évolution de la grossesse. J'ai la vague sensation que je vais porter un cadavre, aussi petit soit-il. Et le regard de ce médecin... si hautain, méprisant. Comme si j'étais une de ces filles simple d'esprit qui aurait dit "pas de capote ? tant pis, je prends le risque. Pas de pilule ? tant pis je rends le risque". Et le voila qui me prescrit une pilule du lendemain en disant "pour que vous ne soyez pas en panne un dimanche, quand les pharmacies sont fermées". Pauvre con, comme si ça m'amusait.

Arrive ce fameux 1er février. Je me rends seule à l'hopital pour un avortement médicamenteux. Rendez vous à 14h. On est prévenues qu'on ne sortira pas avant 17h, par sécurité (j'ai du fournir une carte indiquant mon groupe sanguin en cas de pépin hémorragique).

Il y a des fauteuils alignés dos au mur dans ce qu'ils appellent le "salon". En face de moi, quelques mamies pas en forme qui font leur chimio. Ambiance... On nous indique les toilettes.

Puis l'infirmière donne les médicaments à avaler pour déclencher l'avortement. Je n'y connaissais rien. J'ignorais qu'il fallait provoquer des contractions. Je m'installe et décide de bouquiner. La fille a coté de moi est accompagnée de sa maman et l'autre plus loin est avec son copain.

Au bout d'environ 20min, je commence à avoir mal au ventre, de plus en plus. Comme des règles très douloureuses. Mais surtout j'ai envie de vomir. Je n'ai rien le temps de dire que déjà je suis en train de rendre. Une mamie en face de moi me voit dans la panade et appelle l'infirmière. On m'apporte un haricot. Je ne vois pas de médicament dedans et avec les douleurs que j'avais deja, je me disais qu'il agissait.

Au bout d'une heure, les autres filles vont a tour de role aux toilettes. Le but étant d'évacuer de gros callots. J'y vais aussi mais au mieux je n'ai qu'une goutte de sang.

Le temps passe, la douleur s'estompe. On nous propose de marcher pour aider à ce que "ça descende". L'air frais me fait du bien. Les autres évacuent de gros caillots parait il. L'infirmière les préviens que dans 1h elles pourront partir. Mais pas moi. J'appelle ma mère pour qu'elle vienne. Je ne pourrai pas continuer seule.

L'infirmière me prévient qu'il faudra reprendre le médicament puisque ça ne marche pas. Je désespère. J'ai déjà eu mal et je ne suis pas sure qu'une "double dose" soit bien agréable.

Quand ma mère arrive, je suis seule dans le "salon". On me redonne les médicaments, avec un anti vomitif avant. Je prends le tout.

30 min après, des douleurs reviennent. J'essaie de me caler les genoux contre moi, j'ai trop froid ou trop chaud. Je suis mal. Je vais aux toilettes, toujours rien. Je manque de m'évanouir tellemenrt j'ai mal. Je vais sur le lit qui est en face. Je m'allonge, j'ai horriblement mal. Je ne tiens plus debout, pourtant il faudrait que je me lève.

Péniblement, après 1h de calvaire à me tordre, je me lève, je vais aux toilettes. Victoire, plein de caillots. J'imagine un moment que mon foetus est au milieu. Je tire la chasse... Comme c'est étrange.

Il est 20h, l'infirmière m'autorise à partir. Je suis soulagée que ma mère soit là, je n'aurais pas eu la force de rentrer chez moi en bus ou à pied. Et mieux vaut que quelqu'un soit avec moi pour cette nuit.

 

Chez moi, je suis dans un état second, je saigne abondamment, c'est normal.

Je vais aux toilettes, aperçois dans ma protection quelque chose d'étrange.

Je regarde, intriguée, me demandant si c'est normal.

Et là, je le vois. Une bulle, et le foetus dedans, ce qui était mon "bébé". Je vois le cordon tout fin, 2 petits points noirs pour les futurs yeux, 2 vagues bosses pour les bourgeons de bras et la même chose pour les jambes. Oui c'est encore un haricot mais ça fait bizarre.

Que faire alors ? Je ne peux pas le jeter dans les toilettes, ça m'est psychologiquement impossible. Ni à la poubelle. Je le garde dans un pot. Je l'ai enterré plus tard et ça m'a fait du bien. Ca m'a aidé à en faire le deuil.

 

Quand je lis que certaines font des avortements de "confort", j'ai envie de dire, vous ignorez ce que c'est, c'est tout sauf un sujet léger.

 

1er février 2014 :

Un des plus beaux jours de ma vie.

Je rencontre un homme dont j'ai fait la connaissance depuis peu sur internet.

Nous avons beaucoup échangé, rigolé. On a déjà du mal à cesser de s'écrire. Et là, on se rencontre. Je suis sûre que ça sera parfait.Il est spécial, je le sens.

Le programme est de faire des muffins chez moi, de filer au ciné, d'attraper un macdo au retour qu'on "dégustera" devant un film et de goûter les muffins.

Tout s'est parfaitement déroulé. Je suis timide, il me plait, je ne veux pas lui faire ressentir trop vite. Je suis mal à l'aise au ciné, j'ignore pourquoi.

Il me parait évident que nous irons plus loin et qu'on construira notre vie ensemble. C'est un magnifique jour que celui là.

Je suis reconnaissante à la vie, au "destin", de m'avoir mis mon cher amour sur ma route. Il est tôt pour le dire, pourtant j'en suis certaine, j'ai trouvé l'homme pour m'accompagner dans la vie.

 

 

 

 

 

 

Petite préçision, en particulier pour les anti-IVG : quand je cherche des images en lien avec "avortement" sur google, je vois des choses horribles, des sortes de petites poupées qui ressemblent à des bébés minuscules, parfois déchiquetés.

Tout ceci est FAUX ! Ca ne ressemble pas à un bébé, on ne peut même pas dire si c'est humain ou non. Tout ceci est de la désinformation visant à "dégouter" les femmes qui sont dans un état fragile avec une grossesse non désirée.

Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Avorter est dur, bien sur, je l'ai vécu. MAIS, même si j'ai des remords, je n'ai pas de regrets, je sais que j'ai pris la meilleure décision. Je me suis montrée égoïste aussi en me disant que personne ne voudrait de moi avec un jeune enfant et je ne voulais pas condamner ma vie amoureuse.

Chacun a ses motivations.

 

Voila. Et si jamais une jeune fille qui se pose des questions passait par là, je suis tout à fait disponible pour en parler.

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Commentaires
E
Très touchant ton récit... Il faut parfois passer par des moments douloureux pour laisser place à des moments heureux. Parfois je me dit, j'ai été mal, j'en ai pleuré, j'ai eu du mal à m'en remettre mais si ça n'était pas arrivé, je ne pourrais peut-être pas raconter certains moments de bonheur que j'ai vécus après cette douleur... Tu as eu ta douleur et aujourd'hui je suis ravie de lire ton bonheur :) et je souhaite qu'il dure :)
Une hirondelle en exil
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